Modération, modulation : que dit la science du vin et de la santé ?
L’éthanol : même naturel, toujours l’alcool
Allez, remettons le bouchon à sa place : que le vin soit naturel, bio ou industriel, il contient toujours de l’alcool ! Boire avec modération reste le conseil numéro 1, et nul producteur de vin naturel digne de ce nom n’incite à la déraison…
D’après l’OMS, la consommation d’alcool – même modérée – est associée à des risques sanitaires (hypertension, cancer, dépendance, maladies cardio-vasculaires). L’INCA (Institut National du Cancer) recommande de ne pas dépasser deux verres par jour pour les hommes comme pour les femmes, et pas tous les jours.
- Un verre de vin naturel de 12% vol = autant d’alcool éthanol qu’un vin conventionnel, bio ou pas : 10 g d’alcool pur pour 10 cl.
La nature du vin ne modifie donc ni la toxicité de l’alcool, ni les recommandations officielles.
Les bienfaits du raisin sont-ils mieux conservés dans le naturel ?
Le raisin, on le sait depuis Louis Pasteur, c’est aussi une potion pleine de polyphénols et d’antioxydants – en particulier dans la peau et les pépins. Certains d’entre eux (notamment le resvératrol) ont été associés à des effets protecteurs sur le système cardiovasculaire, mais les études récentes nuancent beaucoup l’effet “miracle” du vin rouge :
- Pour obtenir une dose protectrice efficace, il faudrait absorber bien plus de vin que ne le recommande la santé publique ;
- La fermentation naturelle ne modifie pas radicalement la quantité de polyphénols, mais certains travaux suggèrent que l’absence de filtration excessive ou de certains traitements de collage peut préserver davantage d’arômes et de composés bénéfiques (source : “Journal of Agricultural and Food Chemistry”, 2012).
- La biodynamie pourrait favoriser des concentrations légèrement plus élevées d’antioxydants (INRA, 2017), sans preuve absolue à grande échelle.
En clair : la richesse aromatique et les “bénéfices” santé varient surtout avec le cépage, le sol, le climat… et la main du vigneron.