La digestibilité du vin : un sujet qui mérite qu’on s’y attarde

Quelle étrange expression que celle de « vin digeste », souvent entendue lors de belles soirées entre ami·es ou lors de visites de petits domaines qui sentent bon la lavande et la terre humide. Mais qu’est-ce que cela veut vraiment dire ? Pourquoi certains vins semblent glisser tout doux, bien sages, sans fatigue ni mal de tête, tandis que d’autres laissent une impression trop lourde ou nous écrasent les neurones le lendemain ? Cette question, loin d’être négligeable, touche au cœur d’un mouvement de fond : celui du vin naturel.

Qu’est-ce que le « vin naturel » ? Un détour éclairant

Avant de plonger dans l’histoire de la digestion, il est utile de rappeler de quoi on parle. Le vin naturel se distingue des vins conventionnels par une philosophie d’intervention minimale, des raisins cultivés en bio (voire bien plus), et surtout, une vinification qui limite drastiquement l’usage d’additifs et de procédés techniques (source : La Revue du Vin de France). Là où le vin industriel jongle avec plus de 60 additifs autorisés, le vin naturel, lui, s’en tient à la base : raisin, levures indigènes… et parfois un soupçon de soufre, mais c’est loin d’être systématique.

Les additifs : là où le bas blesse

Derrière la notion de digestibilité, il y a souvent un suspect principal : l’armada d’additifs et de traitements qui entrent dans la composition du vin industriel. Un chiffre marquant : jusqu’à 63 additifs œnologiques sont autorisés dans les vins européens conventionnels, selon la législation européenne (source : Euronews).

  • Sulfites : conservateurs puissants, allergènes potentiels, souvent pointés du doigt pour leur rôle dans les maux de tête post-dégustation.
  • Enzymes, levures industrielles : standardisent et accélèrent la fermentation, mais modifient le profil digestif du vin.
  • Correcteurs d’acidité, agents de collage : PVPP (polivinylpolypyrrolidone), colle de poisson, protéines de lait… Peu ragoutant quand on découvre la liste complète !

Nombre de ces additifs ne sont jamais mentionnés sur les étiquettes, ce qui brouille la compréhension du consommateur. Et sur la question de la digestion, chaque molécule supplémentaire est un pari en moins pour notre flore intestinale.

Les sulfites, vrais coupables de l’indigestion ?

Autant être honnête : le soufre n’est pas le diable en personne. C’est un conservateur très efficace, utilisé pour ses propriétés antioxydantes et antibactériennes. Mais en dose généreuse, il peut bel et bien troubler la fête.

  • La réglementation française autorise jusqu’à 150 mg/l pour les vins rouges conventionnels et 210 mg/l pour les blancs et rosés (source : Que Choisir).
  • Dans le vin naturel, on descend souvent en-dessous de 30 mg/l, voire zéro ajout, donc seulement le « soufre naturel » formé pendant la fermentation.

Consommé en quantité, le soufre peut provoquer maux de tête, gênes digestives et difficultés d’assimilation, en particulier chez les personnes sensibles ou asthmatiques (Toxicol Lett, 2018). D’où ce sentiment de légèreté lorsque l’on sirote un vin naturel pauvre en sulfites ajoutés.

Les levures : un monde invisible au service du palais… et du ventre

Là où le vin naturel fait la différence, c’est aussi dans le choix des levures : levures indigènes (présentes naturellement sur la peau du raisin et dans le chai) contre levures sélectionnées industrielles, utilisées pour fiabiliser et uniformiser les cuvées.

  1. Les levures indigènes conduisent à des fermentations plus lentes, complexes, générant parfois davantage de composés aromatiques secondaires… et surtout, elles ont tendance à produire moins de sous-produits pouvant agresser la digestion.
  2. Les levures industrielles, très performantes, créent parfois des « déchets » (amines biogènes, phénols volatils…) qui sont soupçonnés de perturber la digestion, de provoquer des migraines ou de limiter l’assimilation de certains nutriments (source : CNRS Pour la Science).

Résultat ? Un vin nature vit en harmonie avec notre microbiote, là où certains vins trop « technologiques » bousculent l’intestin.

Un vin naturel, moins d’histamines, moins de maux de crâne

L’autre coupable souvent caché dans les vins conventionnels, ce sont les histamines, qui peuvent déclencher des réactions allergiques, des maux de tête, et ce fameux « effet gueule de bois ». Leur production dépend de multiples paramètres : maturité du raisin, pratiques de vinification, état sanitaire, usage du soufre…

  • Selon une étude de l’International Journal of Molecular Sciences, certains procédés de vinification industrielle multiplient par deux la concentration en histamine comparé à des pratiques plus naturelles.
  • Un vin naturel vinifié sans ajouts excessifs et sur des raisins sains émet souvent moins d’histamines. Résultat : une digestibilité accrue, un lendemain apaisé.

Moins de sucre, plus de vitalité : l’impact de la maturité et du rendement

Autre point rarement évoqué : beaucoup de vins conventionnels présentent des résidus de sucre liés à une maturation rapide, parfois forcée, ou à des choix œnologiques pensés pour le grand public. Face à cela, les vins naturels privilégient souvent la vendange manuelle, la maturité optimale, et la non-chaptalisation (pas d’ajout de sucre pendant la fermentation).

  • Un taux plus faible de sucre résiduel signifie un vin moins lourd à digérer, moins énergivore pour l’organisme.
  • Selon la Fédération des Vins Naturels, la plupart des vins naturels finissent leur fermentation jusqu’au bout, donc des vins souvent « secs », plus vifs, moins « sucrés ».

Des pesticides absents : une meilleure santé digestive

Point crucial : la presque totalité des vins naturels proscrit l’usage de pesticides de synthèse, aussi bien à la vigne qu’au chai. Or, l’impact des résidus de pesticides sur la flore intestinale et sur la digestion humaine n’est plus à démontrer (Le Monde, 2018).

  • Des analyses menées en 2017 par la DGCCRF ont montré que plus de 90 % des vins conventionnels testés présentaient au moins une trace de pesticide (UFC Que Choisir).
  • Le vin naturel, lui, élimine ce risque, offrant une boisson moins « chargée », plus cohérente avec le fonctionnement naturel du foie et du système digestif.

Plusieurs études mettent en avant la sensibilité de notre microbiote intestinal à ces molécules étrangères, qui peuvent fragiliser la digestion au long cours.

La digestion, c’est aussi une question d’énergie… et de plaisir !

La digestibilité ne se réduit pas à une question de molécules. Un vin naturel, vivant, non chimiquement « stabilisé », c’est aussi une texture, une vibration, une fraîcheur qui parle au corps : on boit moins, mais mieux, parce que la satisfaction sensorielle arrive plus vite.

Le secret : l’équilibre. Un bon vin naturel, c’est tout sauf une épreuve pour l’estomac. On constate même que nombre d’amateurs passant au vin nature réduisent leur consommation tout en augmentant leur plaisir – un cercle vertueux pour l’organisme (source : France Culture).

Nouveaux enjeux : transparence et « visages » du vin

Face à la prise de conscience grandissante, l’Union Européenne a imposé à partir de décembre 2023 l’affichage obligatoire de la liste complète des ingrédients et additifs sur les vins (source : Euronews, 2023). Gage d’une meilleure compréhension et d’une vraie liberté de choix pour le consommateur. Les vins naturels, eux, affichent généralement une liste aussi courte que possible : raisin, parfois soufre, et c’est tout.

Le vin naturel, une évidence pour qui cherche la légèreté

On l’a vu, le vin naturel tire sa supériorité digestive d’un bouquet de facteurs :

  • Absence d’additifs et de pesticides, ou réduction drastique de ceux-ci
  • Teneurs minimales en sulfites et en histamines
  • Levures indigènes et fermentations naturelles, respectueuses du microbiote
  • Moins de résidus de sucre et de techniques correctives qui plombent l’organisme

Ce n’est pas une potion magique : chaque individu réagit différemment. Mais l’expérience collective montre qu’un verre de vin naturel, bien choisi, allie plaisir, complexité… et légèreté.

À l’heure où la question du bien-être et de la responsabilité devient centrale, le vin naturel s’impose comme le grand allié des amateurs à la recherche d’authenticité et de convivialité sans lendemain difficile. Bref, à Marseille ou ailleurs, la révolution du vin nature se savoure… et se digère vraiment !

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