Viticulture naturelle : des pratiques qui sortent du rang
Le vin naturel charrie son cortège d’images champêtres (et parfois de discussions animées sur la définition). Mais concrètement, quels gestes ou choix font véritablement la différence en matière de carbone ?
Agriculture biologique et absence de chimie : moins d’énergies fossiles utilisées
Qui dit vin naturel, dit quasi systématiquement agriculture biologique ou biodynamique – soit l’abandon des engrais chimiques et des pesticides de synthèse. Or, la fabrication d’un kilogramme d’engrais azoté nécessite environ 10 kg de CO₂ ! (FAO). Pour un hectare de vigne en conventionnel, cela peut représenter 500 à 700 kg de CO₂/an rien que pour les engrais azotés. Les domaines naturels partent déjà avec une longueur d’avance : moins d’énergie grise cachée dans leurs sols.
Travail du sol et désherbage mécanique : le revers de la médaille
Finis les herbicides, bonjour les passages réguliers de tracteurs pour désherber. Mais attention à l’effet rebond : un passage mécanique multiplie les émissions de CO₂ en carburant ! Certaines études estiment ce surcoût carbone entre 50 et 100 kg CO₂/ha/an (INRAE, 2023). Les vignerons les plus engagés testent le désherbage manuel, l’enherbement ou la traction animale, mais ces pratiques restent minoritaires par manque de moyens ou de temps.
Moins d’intrants œnologiques, moins d’impact caché
Dans la cave aussi, le vin naturel fait la chasse aux additifs (sulfites, enzymes, levures industrielles). Résultat : moins d’énergie pour la fabrication et le transport de ces intrants. Mais l’effet sur l’empreinte totale reste moindre comparé à celui du verre ou du tracteur.